Syndrome de Sjögren : peut-il être déclenché par le COVID ?

Certains patients développent des troubles auto-immuns après une infection par le SARS-CoV-2, alors même qu’aucun antécédent n’avait été identifié auparavant. Les études récentes relèvent des diagnostics nouveaux de syndromes tels que le Gougerot-Sjögren, apparus après une infection au COVID-19, sans consensus scientifique sur la nature exacte du lien.

La littérature médicale observe aussi une augmentation des symptômes prolongés et des manifestations neurologiques chez les personnes touchées par le Covid long. Les données épidémiologiques évoluent, révélant une complexité croissante dans l’interaction entre le virus et le système immunitaire.

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Covid-19 et maladies auto-immunes : ce que révèlent les dernières recherches

L’apparition du SARS-CoV-2 dans la sphère des maladies auto-immunes a secoué les certitudes des médecins. Depuis 2020, des équipes internationales signalent une recrudescence de maladies auto-immunes nouvellement diagnostiquées peu de temps après une infection par la covid. Ce phénomène, loin de passer inaperçu, interpelle sur la capacité du virus à dérégler la réponse immunitaire.

Les recherches les plus récentes convergent : le système immunitaire subit de profonds bouleversements lors de l’infection par le SARS-CoV-2. Il arrive que cette désorganisation débouche sur la création d’auto-anticorps semblables à ceux identifiés dans des pathologies comme le lupus, la polyarthrite rhumatoïde ou le syndrome de Sjögren. Si le mode d’action précis reste débattu, les immunologistes mettent en avant la piste du « mimétisme moléculaire », où le système de défense confond des éléments du virus avec ses propres tissus.

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Des études françaises, relayées par l’Inserm, insistent sur le fait que la phase aiguë de l’infection ne suffit pas à expliquer la survenue de ces troubles. La période dite « post-covid », ou phase post-aiguë, serait aussi propice à l’émergence de maladies auto-immunes. Les symptômes recensés dans ce contexte, sécheresse des muqueuses, fatigue persistante, douleurs articulaires, rappellent fortement les signes classiques du syndrome de Gougerot-Sjögren.

L’analyse reste complexe : faut-il incriminer l’action directe du virus, des prédispositions génétiques, ou d’autres facteurs liés à l’environnement ? Les biothérapies testées pour gérer les formes sévères de la covid ou des pathologies auto-immunes peuvent parfois influer sur l’activité du système immunitaire, mais elles ne préviennent pas toujours la survenue de nouveaux syndromes. Les échanges entre infectiologues, internistes et immunologistes s’intensifient pour mieux surveiller et traiter ces complications inédites.

Le syndrome de Gougerot-Sjögren après une infection au COVID : mythe ou réalité ?

La possibilité d’un syndrome de Gougerot-Sjögren déclenché par le covid-19 continue d’alimenter les discussions dans les milieux médicaux. Plusieurs articles scientifiques évoquent des cas où des patients, jusque-là sans trace de maladie auto-immune, voient apparaître, dans les mois qui suivent une infection par le SARS-CoV-2, une sécheresse persistante des yeux et de la bouche, des douleurs articulaires ou une fatigue tenace. Des symptômes évoquant sans équivoque le syndrome de Gougerot-Sjögren et remettant sur la table la question du rôle du virus comme élément déclencheur.

Mais la prudence s’impose : les preuves restent fragiles. Pour l’instant, aucune étude d’envergure ne démontre que le syndrome de Gougerot survient plus souvent après une infection à la covid-19 qu’après d’autres maladies virales. Les rares publications recensent des diagnostics, principalement chez des femmes, dans un délai de trois à six mois après la phase aiguë du covid. Les antécédents familiaux, les variations hormonales ou certains éléments de l’environnement pourraient également contribuer à l’apparition de la maladie.

Du côté de l’association française Gougerot-Sjögren, des témoignages font état de syndromes secs ou de douleurs diffuses après le covid, mais tous ne remplissent pas les critères stricts du diagnostic. Certains spécialistes évoquent un phénomène auto-immun temporaire, ou encore des symptômes imitant la maladie, déclenchés par le stress post-infection. Les équipes hospitalières, et notamment les services de médecine interne, restent vigilantes : chaque cas demande une évaluation individuelle, en croisant données cliniques, analyses biologiques et examens immunologiques.

Symptômes prolongés, troubles neurologiques et neuropsychiatriques : quelles conséquences pour les patients ?

La multiplication des symptômes prolongés après une infection par le SARS-CoV-2 déconcerte les praticiens. Fatigue qui ne cède pas, douleurs articulaires, gêne musculaire persistante… Bien au-delà des atteintes respiratoires, les patients ayant contracté la covid-19 décrivent, parfois plusieurs mois après, des troubles qui bouleversent la vie quotidienne. Le fameux « covid long » rime aussi avec troubles neurologiques : difficultés de concentration, « brouillard » mental, fourmillements, maux de tête qui s’accrochent.

Les équipes de l’Assistance publique Hôpitaux de Paris et de l’Inserm Université Paris relèvent également de nombreux symptômes neuropsychiatriques : anxiété marquée, troubles du sommeil, épisodes dépressifs, voire désorientation. Les glandes salivaires, déjà vulnérables chez les personnes atteintes du syndrome de Gougerot-Sjögren, semblent particulièrement exposées à l’inflammation persistante après le virus.

Voici les plaintes les plus fréquemment rapportées par les patients concernés, qui témoignent de la diversité et de la gravité du covid long :

  • Fatigue chronique impactant la qualité de vie
  • Malaise post-effort après une activité physique minime
  • Douleurs musculaires et courbatures rebelles

L’ensemble de ces symptômes, dont l’origine reste floue, exige des diagnostics distincts et rigoureux. Médecine interne et neurologie endossent un rôle central pour démêler les causes et adapter la prise en charge. Repérer rapidement les signes d’une pathologie auto-immune, comme le syndrome de Sjögren, s’avère indispensable pour limiter l’errance médicale et proposer une prise en charge ciblée.

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Chiffres clés et données épidémiologiques sur le lien entre COVID-19 et syndrome de Sjögren

Le syndrome de Sjögren, longtemps confiné aux manuels spécialisés, fait désormais partie des débats médicaux autour du covid-19. La possibilité de voir apparaître un syndrome de Gougerot-Sjögren après une infection par le SARS-CoV-2 divise la communauté scientifique : les preuves massives manquent, mais certains signaux attirent l’attention.

En France, l’association française Gougerot-Sjögren note une augmentation modérée des signalements de nouveaux cas depuis 2021, sans établir de lien direct avec la covid. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le syndrome de Sjögren toucherait environ 0,1 à 0,2 % de la population adulte, et concerne surtout les femmes (9 cas sur 10). Des publications internationales provenant notamment de Paris et de Suisse décrivent des situations où des symptômes évocateurs sont apparus après un épisode aigu de covid, mais il reste difficile d’en évaluer la fréquence réelle.

Les recherches disponibles sont encore trop limitées, souvent rétrospectives et menées sur de petits groupes de patients. Aucune étude nationale n’a permis de trancher pour l’instant, mais la collecte de données avance progressivement en France et au Maroc. La vigilance médicale se renforce, en particulier chez ceux ayant montré des signes auto-immuns après infection ou présentant une prédisposition familiale.

Face à cette incertitude, les centres de référence resserrent la surveillance épidémiologique. L’objectif : mieux cerner le risque d’une émergence de nouveaux syndromes auto-immuns et mieux préparer la prise en charge, alors que la pandémie continue de révéler ses multiples visages.