Causes des troubles musculo-squelettiques : Comment les prévenir et les traiter ?

Un salarié sur trois déclare ressentir des douleurs persistantes liées à son activité professionnelle. Les pathologies associées représentent la première cause de maladies professionnelles reconnues en France, avec une progression constante depuis deux décennies.

Certains secteurs, pourtant soumis à des réglementations strictes, enregistrent des taux d’incidence plus élevés que la moyenne nationale. Malgré l’existence de protocoles de prévention, les mesures appliquées sur le terrain restent inégales, exposant toujours davantage de travailleurs aux risques de troubles musculo-squelettiques.

Les troubles musculo-squelettiques : comprendre un enjeu de santé au travail

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) occupent le sommet du classement des maladies professionnelles en France. On y retrouve le syndrome du canal carpien, la tendinopathie de la coiffe des rotateurs, la lombalgie, la cervicalgie… Autant d’affections qui touchent chaque année un nombre grandissant de salariés. D’après les chiffres nationaux, plus de 87 % des maladies professionnelles indemnisées par le régime général sont liées à ce registre musculo-squelettique.

Pourquoi cette fréquence élevée ? Les gestes répétés, la station assise ou debout prolongée, la manipulation de charges… autant de facteurs qui, combinés, fragilisent les articulations et les muscles. Certains secteurs paient un lourd tribut : industrie, bâtiment, logistique, propreté ou encore soins à la personne. Les symptômes, eux, s’installent souvent sans bruit : gênes diffuses, raideurs, perte de force. Tarder à réagir, c’est laisser la porte ouverte à des séquelles parfois irréversibles et à des arrêts de travail qui s’allongent.

Tableau des principales localisations des TMS

Pathologie Localisation Exemple de poste
Syndrome du canal carpien Poignet Opérateur de montage
Syndrome de la coiffe des rotateurs Épaule Aide-soignant
Lombalgie Bas du dos Agent de manutention
Cervicalgie Cou Travail sur écran

Face à ces alertes, la vigilance doit primer. Les acteurs de la santé et sécurité au travail rappellent que chaque environnement professionnel mérite une analyse ergonomique poussée. Adapter le poste, anticiper les risques, ce n’est pas du luxe : c’est la base pour préserver la santé des équipes.

Quels sont les facteurs de risque et les situations à surveiller ?

Dans le monde du travail, plusieurs facteurs de risque favorisent l’émergence des troubles musculo-squelettiques. Les gestes répétés, la manutention manuelle de charges, les postures contraignantes ou figées, mais aussi les vibrations et les chocs répétés, figurent parmi les causes les plus fréquentes. Ces contraintes, parfois intégrées dans la routine, finissent par provoquer des microlésions et des inflammations difficiles à enrayer.

Certains secteurs concentrent les situations à surveiller de près. L’industrie, le bâtiment, la logistique, l’agroalimentaire, les soins à la personne : partout, la répétition des mouvements ou la manutention pèsent. Imaginez un agent de propreté qui, jour après jour, adopte des postures inconfortables, ou un préparateur de commandes qui multiplie les mouvements du bras sans répit. Selon la tâche, le rythme ou le matériel, les risques varient et s’accumulent.

L’environnement de travail n’est pas à négliger non plus : espace trop restreint, absence de matériel adapté, ou postes mal conçus multiplient les contraintes physiques. Oublier l’impact du stress organisationnel, du manque de latitude ou de la cadence imposée, ce serait passer à côté de leviers puissants pour agir. Les résultats observés en santé sécurité au travail le prouvent : là où les marges de récupération sont maigres et l’effort constant, les TMS s’installent plus vite.

Voici les principales situations à surveiller pour repérer les risques avant qu’ils ne s’aggravent :

  • Gestes répétitifs : assemblage à la chaîne, saisie prolongée sur ordinateur
  • Manutention manuelle : port et déplacement de charges lourdes
  • Environnement contraignant : espaces exigus, exposition aux vibrations, températures extrêmes

Repérer ces situations, c’est se donner la possibilité d’agir sans délai sur l’organisation des postes et de freiner l’installation durable des TMS.

Conséquences des TMS : impact sur la santé, la vie professionnelle et l’entreprise

Les troubles musculo-squelettiques font partie des maladies professionnelles les plus répandues dans l’Hexagone et pèsent lourdement sur la santé au travail. Douleurs continues, raideurs, perte de mobilité : ces symptômes grignotent, petit à petit, la qualité de vie des salariés et laissent des traces sur leur parcours professionnel. Une lombalgie ou un syndrome du canal carpien vont bien au-delà d’un simple inconfort : ces affections peuvent entraîner des incapacités longues, remettre en cause la capacité à occuper son poste et parfois ébranler la trajectoire professionnelle.

Pour les entreprises, la réalité est tangible. Les TMS pèsent pour plus de 85 % des maladies professionnelles reconnues et entraînent un nombre impressionnant de journées de travail perdues. Cet absentéisme bouleverse les équipes, alourdit la charge des collègues, fait baisser la productivité et gonfle les coûts : gestion des absences, remplacements, adaptation des postes, voire reclassements. À long terme, la succession d’arrêts déstabilise la dynamique collective.

Mais l’impact ne se limite pas à l’organisation : l’isolement, la peur de la rechute, la perspective d’une reconversion ou d’une adaptation du poste rappellent que la prévention des TMS touche à la fois à la santé individuelle et à l’équilibre du collectif. Miser sur la prévention, ce n’est pas seulement viser le bien-être : c’est aussi protéger la performance de l’entreprise et sa capacité à avancer.

Ouvrier de warehouse montrant la bonne technique de levage

Prévention et solutions concrètes pour agir efficacement contre les TMS

Pour freiner la progression des troubles musculo-squelettiques, il faut multiplier les actions, depuis l’ergonomie jusqu’à la prise en charge médicale. La prévention demeure le meilleur levier pour éviter l’émergence ou la chronicisation des douleurs. Rares sont les secteurs réellement à l’abri, alors chaque métier doit repenser ses pratiques. Le point de départ : l’aménagement du poste de travail. Hauteur du plan, agencement des outils, limitation des gestes répétitifs… Parfois, l’ajout d’un siège adapté, d’une table réglable ou de poignées ergonomiques change la donne sur la durée.

Plusieurs mesures concrètes permettent de réduire l’apparition et la gravité des TMS :

  • Prendre des pauses régulières pour laisser aux muscles le temps de récupérer
  • Alterner les tâches afin de limiter la répétition des mouvements
  • Former les équipes aux postures adéquates, en s’appuyant sur l’expertise du médecin du travail

En parallèle, l’activité physique adaptée, sous les conseils d’un rhumatologue ou d’un kinésithérapeute, aide à prévenir, mais aussi à récupérer en cas de blessure. Si la douleur persiste, le port d’une orthèse (EPITACT, POSTUROSTRAP…) peut soulager sans entraîner une immobilisation totale. Chaque situation doit être évaluée au cas par cas : parfois, une rééducation est nécessaire, parfois une intervention chirurgicale s’impose, notamment pour le syndrome du canal carpien ou la coiffe des rotateurs.

Quand salariés, encadrement et professionnels de santé avancent ensemble, les adaptations s’installent plus vite, l’efficacité des mesures s’en ressent, et la prévention cesse enfin d’être un mot creux pour devenir une réalité tangible. Les TMS ne sont pas une fatalité. C’est au quotidien que se dessine la différence, un geste après l’autre.